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20 Gennaio 2025

Les confréries : gardiennes de la tradition

 

La Semaine Sainte est l'une des célébrations les plus chaleureuses de l'année liturgique dans toutes les villes des Pouilles, de la plus petite à la plus grande. Sans aucun doute, le point culminant des célébrations religieuses, surtout en ce qui concerne les événements extérieurs, se produit le Vendredi saint, généralement avec la procession des Mystères, mais aussi le vendredi précédant le Dimanche des Rameaux, autrefois appelé Passion ou Douleurs, qui voit une procession de Notre-Dame des Douleurs ou de la Désolée dans presque toutes les localités.

 

Dans les Pouilles, la Semaine Sainte est marquée par la présence très active des confréries laïques, tant au niveau de la participation aux rites que de l'organisation. Le mouvement confraternel des Pouilles est vraiment impressionnant ; les données de la Confédération des Confréries des Diocèses d'Italie, en référence à l'année 2012, font état de la présence de deux cent cinquante mille frères pour un total de neuf cent onze sodalités.

 

Parmi celles-ci, on trouve de très nombreuses confréries, dont certaines comptent même mille membres ou plus, comme l'Arciconfraternita del Carmine et la Confraternita dell'Addolorata àTarente ou l'Arciconfraternita della Morte à Molfetta, dans la province de Bari. Presque toujours, les confréries les plus nombreuses sont celles qui sont liées à la Semaine Sainte et l'on peut dire que dans certaines villes, il n'y a pas de famille sans confrérie, ce qui nous permet de comprendre à quel point les traditions de cette période particulière de l'année sont profondément enracinées dans le peuple des Pouilles. Les confréries qui organisent les rites de la Semaine Sainte sont d'ailleurs les plus anciennes.

 

Certaines ont été fondées dès le milieu du XIIIe siècle, bien avant la Contre-Réforme qui a suivi le Concile de Trente, qui s'est tenu entre 1545 et 1563, et qui a eu un effet moralisateur sur les rites de la Semaine Sainte en interdisant les « représentations sacrées », des manifestations de dévotion populaire consistant à réciter, sous forme d'images théâtrales animées, des textes évangéliques, en premier lieu ceux de la Passion de Jésus.

 

Ces « performances » théâtrales, qui se déroulaient généralement sur les parvis des églises, étaient également appelées « Mystères ». Les « représentations sacrées » furent ensuite remplacées par des processions organisées par les confréries, dans lesquelles les « Mystères » n'étaient plus des personnes jouant le rôle d'acteurs, mais des statues représentant Jésus-Christ, Notre-Dame des Douleurs et les différents personnages de la Passion.

 

C'est surtout en Italie du Sud que cela s'est produit et le protagonisme des confréries des Pouilles pendant la Semaine Sainte se perpétue aujourd'hui. De nombreuses associations confraternelles ont des spécificités et des caractéristiques dérivées de leur nom ou de leur titre.

 

Il est évident que les confréries sous le titre de la Mort, par exemple, sont les organisatrices des processions dans les jours précédant Pâques (Cerignola, Molfetta, Oria, San Nicandro Garganico, San Severo), tout comme celles du Suffrage (Bitonto, Ruvo di Puglia) ou que les processions des Mystères dans la province de Tarente ont pour protagonistes les confréries de la Madonna del Carmine. Les confréries dédiées à Notre-Dame des Douleurs sont également très répandues (Andria, Bisceglie, Carbonara di Bari, Cerignola, Taranto, Trani, Valenzano).

 

Certains objets distinguent également les confréries d'un point de vue géographique : il s'agit notamment de la « troccola », typique des sodalités de la province de Tarente et peu utilisée, par exemple, dans la province de Bari. Ceux qui pensent que les confréries n'existent que pour perpétuer des traditions populaires, certes esthétiques, mais dépourvues de toute valeur chrétienne au sens large, se trompent : elles ne sont pas composées de laïcs engagés uniquement dans des activités liturgiques ou dans la défense des traditions cultuelles locales.

 

Certaines confréries prévoient dans leur règlement des œuvres caritatives, comme celle que l'archiconfrériede Saint-Étienneréalise à Molfetta par le biais de l'organisation « Bontà di S. Stefano », qui fournit une assistance aux personnes dans le besoin. D'autres, en revanche, outre les œuvres caritatives, mènent des activités philanthropiques et de promotion humaine, comme la Confraternité de Notre-Dame de Tarente avec le prix « Cuore di Donna » (Cœur de femme), décerné chaque année à une femme de Tarente particulièrement distinguée pour son abnégation envers son prochain, et qui en est à sa 18e année d'existence.

 

par Francesco Stanzione