Mercredi des Cendres

La procession de la croix

Le mercredi des Cendres marque le début officiel des rites de la Semaine Sainte à Molfetta, avec la processionsolennelle de la Croix, un moment chargé de spiritualité et de tradition.

La procession s'anime sur le coup de minuit, entre le mardi gras et le premier jour du Carême, en partant de l'église du Purgatoire et accompagnée par les 33 sons lents de la cloche de la cathédrale, qui symbolisent les années du Christ.

Une grande croix, portée par un frère cagoulé de l'Archiconfraternité de la Mort du Sac Noir, est flanquée de deux frères portant des lanternes. La procession traverse les rues historiques de la ville jusqu'au Calvaire, où le Père spirituel prononce une brève homélie et une bénédiction, avant de retourner au Purgatoire.

La procession est ouverte par un quatuor musical interprétant une ancienne mélodie orientale, caractérisée par le rythme du tambour, les battements de la grosse caisse et le son de la flûte. Les derniers coups de trompette, connus sous le nom de « ti-tè », créent une atmosphère unique et évocatrice.


-Date: 5 mars 2025
-Heure: 00:01
-Lieu: Église du Purgatoire, Molfetta
 

Vendredi de la Passion

La procession de la Vierge des Douleurs

Le vendredi de la Passion, qui précède le dimanche des Rameaux, a pour protagoniste la procession de la Vierge des Douleurs, un rite d'intense participation émotionnelle et religieuse.

À 15 h 15, depuis l'église du Purgatoire, la procession s'ouvre avec l'apparition de la statue de la Vierge des Douleurs, vêtue de noir et portant un poignard enfoncé dans la poitrine, symbole de la douleur maternelle. Le simulacre, porté sur les épaules des frères de l'Arciconfraternita della Morte dal Sacco Nero, se déplace au rythme des notes de « La Sventurata », jouées par l'orchestre municipal.

La procession traverse le centre historique de Molfetta et se termine à minuit, offrant aux fidèles et aux visiteurs une expérience de profonde dévotion.

-Date: 11 avril 2025
-Heure: 15h15
-Lieu: Église du Purgatoire, Molfetta

Vendredi Saint

La procession des cinq mystères

L'un des moments les plus anciens et les plus évocateurs de la Semaine sainte à Molfetta, la procession des cinq mystères, a lieu le Vendredi saint. Organisée par l'Arciconfraternita di Santo Stefano, la procession part à 3h30 du matin de l'église Santo Stefano et serpente dans les rues de la vieille ville.

Les cinq statues en bois, datant du XVIe siècle, représentent les Mystères douloureux:

1. Le Christ au jardin des Oliviers
2. La Flagellation
3. Ecce Homo
4. Le Christ au Calvaire
5. Le Christ mort

Les statues, portées sur les épaules des frères, avancent au rythme des marches funèbres, créant une atmosphère solennelle et recueillie.

-Date: 18 avril 2025
-Heure: 03:30
-Lieu: Église de Santo Stefano, Molfetta
 

Samedi Saint

La procession de la Pieta

Le samedi saint est consacré à la procession de la Pieta, un rite d'une grande intensité émotionnelle. Les statues, chefs-d'œuvre en papier mâché du sculpteur Giulio Cozzoli, représentent les protagonistes de la Passion :

1. Saint Pierre
2. La Véronique
3. Marie de Cléophas, avec les huiles funéraires
4. Marie de Salomé, avec la couronne d'épines
5. Marie-Madeleine
6. Saint Jean, le disciple bien-aimé
7. La Pietà (1908), le moment le plus émouvant de la procession

La procession part de l'église du Purgatoire à 11h15 et traverse les rues de Molfetta, accompagnée par la profonde participation des fidèles et des frères.

-Date: 19 avril 2025
-Heure: 11 h 15
-Lieu: Église du Purgatoire, Molfetta

Mercredi des Cendres / 5 mars 2025

• MOLFETTA / Procession de la Croix / Église du Purgatoire / à 00h01
organisée par l’Archiconfrérie de la Mort au Saco Nero

Vendredi de la Passion / 11 avril 2025

• MOLFETTA / Procession de la Vierge des Douleurs / Église du Purgatoire / à 15h15

Vendredi Saint / 18 avril 2025

• MOLFETTA / Procession des Cinq Mystères / Église de Saint-Étienne / à 03h30

Samedi Saint / 19 avril 2025

• MOLFETTA / Procession de la Piété / Église du Purgatoire / à 11h15

ARCICONFRATERNITA DELLA MORTE DAL SACCO NERO

L’Arciconfraternita della Morte dal Sacco Nero (Archiconfrérie de la Mort ou du Sac Noir) fut fondée le 26 avril 1613, durant l’épiscopat de Monseigneur Bovio. Le 28 janvier 1614, elle fut toutefois rattachée à l’Archiconfrérie mère de Sainte-Marie de l’Oraison et de la Mort de Rome.

Seuls les membres de certaines classes sociales pouvaient appartenir à la confrérie. En effet, les statuts précisaient explicitement que « tous ne doivent pas être acceptés indistinctement, mais il faut vérifier s’ils ont de bonnes mœurs, s’ils sont civils ou, à défaut, artisans. Dans le cas contraire, ils ne seront pas acceptés ».

Contrairement à son caractère élitiste originel, l’Archiconfrérie est aujourd’hui principalement composée d’artisans, ouvriers, commerçants, marins, paysans, ainsi que de professionnels et d’employés. Dès sa fondation, le but de la confrérie a été de prier pour le repos des âmes et d’offrir une sépulture chrétienne gratuite aux pauvres, « par amour de Dieu ». Ce but est encore poursuivi aujourd’hui à travers la prière pour le repos des âmes.

À l’objectif initial s’est ajoutée l’activité votive des confrères, centrée sur le culte de Marie-Madeleine, de Notre-Dame des Sept Douleurs et des Mystères douloureux. Par la suite, la dévotion s’est principalement tournée vers le culte de Marie Très Sainte des Douleurs et de la Pietà. En particulier, les douleurs de la Bienheureuse Vierge Marie continuent d’inspirer l’engagement chrétien des confrères du sac noir.

ARCICONFRATERNITA DI SANTO STEFANO DAL SACCO ROSSO

L’Arciconfraternita della Morte dal Sacco Rosso (Archiconfrérie de Saint-Étienne du Sac Rouge), dès sa fondation, qui remonte à la fin du Moyen Âge, avait son siège dans la petite église homonyme, située à une courte distance du centre historique. En 1586, elle fut rattachée à l’Archiconfrérie de la Très Sainte Trinité des Pèlerins et Convalescents de Rome, mais ce n’est qu’en 1764 qu’elle se dota de ses premiers statuts écrits, approuvés définitivement par Ferdinand IV de Bourbon. La confrérie acquit toutefois sa personnalité juridique en tant qu’entité ecclésiastique par décret royal le 20 avril 1936.

La confrérie a pour patron Saint-Étienne et pour symbole une amphore remplie de pierres surmontées d’une couronne.

La devise qui guide la confrérie est Dulcis et nomine digni, tandis que ses insignes comprennent le sac rouge avec capuche de la même couleur, une ceinture et des gants marron. Tous les confrères portent sous le sac un costume avec cravate sombre et une chemise blanche. L’usage du chapeau rouge, qui complète encore aujourd’hui l’habit de la confrérie et pend replié en forme de bicorne sur le flanc gauche, fut autorisé par décret royal en 1856.

Outre l’organisation d’activités cultuelles, dont le point culminant est la procession des Cinq Mystères du Vendredi Saint, l’Archiconfrérie a montré, depuis sa fondation, un engagement caritatif important à travers l’Œuvre de Charité de Saint-Étienne.

Les processions de carême de Molfetta sont empreintes d'un charme intemporel, et la musique qui les accompagne amplifie le sentiment de spiritualité et d'aspiration. Parmi les nombreuses marches jouées pendant ces rites, l'une des plus évocatrices est U'conzasiegge, inspirée par les appels plaintifs du réparateur de chaises. Composée en 1857 par le maestro Vincenzo Valente, cette marche déchirante pénètre l'âme, accompagnant encore la procession nocturne évocatrice du Christ mort, lorsque le silence de la ville n'est rompu que par le son de notes qui semblent pleurer.
 

Valente lui-même, avec sa maîtrise, a donné à Molfetta un autre chef-d'œuvre, Lo sventurato, une marche funèbre composée en 1888. Son rythme solennel résonne lors de la procession du vendredi de la Passion de la Sainte Vierge des Douleurs, entraînant l'auditeur dans un voyage d'une profonde émotion.
 

D'autres compositeurs locaux ont également marqué de leur empreinte la tradition musicale du Carême. Saverio Calò, en 1897, a composé Dolor, une marche qui est interprétée au moment où la statue de la Pietà quitte l'église du Purgatoire le samedi saint. Un moment unique, où la douleur prend une forme sonore et accompagne la communauté dans un rite qui a un parfum d'éternité.
 

Les grands noms de la musique classique ne manquent pas à l'appel : le célèbre Stabat Mater de Gioacchino Rossinirésonne dans les moments les plus intenses, comme l'épilogue de la procession de la Sainte Vierge des Douleurs ou le retour de la statue de la Pietà. C'est une prière universelle en notes, alliant foi et beauté.
 

Et enfin, la Marche de Palmieri, qui accompagne le retour de la statue du Christ mort sur la croix. Ses notes, solennelles et mélancoliques, semblent sceller le moment le plus sacré de ces rites anciens.
 

Mais il est une mélodie qui, plus que toute autre, garde le mystère de Molfetta : le Ti tè. D'un auteur inconnu, c'est un air qui s'élève au-dessus du temps et de l'espace. Décrit par beaucoup comme une « complainte d'origine orientale », cet air poignant, interprété par une flûte, une trompette, un tambour et une grosse caisse, capture l'essence d'une dévotion qui s'est perdue au fil des siècles.
 

Sa beauté a même enchanté le maestro Riccardo Muti, qui a demandé la partition, reconnaissant dans ces notes l'écho d'une spiritualité profonde, presque mystique.
 

Chaque marche, chaque note, chaque souffle musical est un pont entre le divin et l'humain, entre le passé et le présent. C'est la voix d'un peuple qui, à travers la musique, continue de raconter sa foi, sa douleur et son espoir.

PS : Sur la photo ci-dessus, en 1947, le Complexe Bandistique de la Ville de Molfetta dirigé par le maestro Angelo Inglese.

La gastronomie de Molfetta pendant la période de Pâques est un voyage dans des saveurs authentiques, imprégnées de traditions qui racontent l'histoire et la culture de cette ville des Pouilles surplombant la mer. Les recettes de Pâques ne sont pas seulement un plaisir pour le palais, mais aussi une façon de transmettre des histoires de foi, de communauté et de partage.
 

Parmi les mets préférés des Molfettesi, on trouve le pizzarello, un sandwich simple et savoureux farci de thon et d'huile d'olive extra vierge. Ce petit chef-d'œuvre culinaire est lié à une tradition particulière : il est consommé le jeudi saintlors de la visite des tombes. Dans l'Antiquité, les prieurs des confréries offraient des pizzarelli aux frères qui suivaient les processions, un geste de rafraîchissement et de partage qui se transmet encore aujourd'hui.
 

Un autre plat incontournable est la calzone pasquale molfettese. Cette pâte salée, fourrée de morue, d'oignon long, de chou-fleur, d'olives, de tomates cerises et d'huile d'olive extra vierge, est traditionnellement préparée le mercredi saint pour marquer le début du carême. L'arôme qui s'échappe des fours pendant cette préparation est le signe que Pâques est proche.
 

Dans la gastronomie pascale de Molfetta, un autre plat typique à ne pas manquer est le ciambotto, une soupe de poisson pauvre mais riche en saveurs, préparée avec la pêche du jour. Ce plat raconte l'ancien lien entre les habitants de Molfetta et la mer, une relation de sacrifice et de dévotion. Le ciambotto molfettese est cuisiné avec de la rascasse, de la tracina, de la seiche, des moules et des crevettes, le tout agrémenté de tomates fraîches, d'ail, de persil et d'un filet d'huile d'olive extra vierge.
 

Traditionnellement, le ciambotto était consommé le vendredi saint, jour de jeûne et d'abstinence de viande, mais aujourd'hui, il est devenu un symbole de la cuisine de Pâques des Pouilles, apprécié par les habitants et les visiteurs. La saveur intense de la mer et la simplicité des ingrédients font de cette soupe un plat irrésistible pour ceux qui souhaitent découvrir la véritable cuisine traditionnelle de Molfetta.
 

Et puis il y a les desserts, les protagonistes incontestés du festival. Le plus emblématique est la scarcella, ou comme l'appellent affectueusement les locaux, scarcedde. Ce gâteau de Pâques des Pouilles est un régal pour les yeux et le palais : une base de pâte brisée en forme de cœur recouverte de glaçage et décorée d'œufs en chocolat ou de pralines colorées. La scarcella peut être nature ou fourrée de confiture ou de pâte d'amande, selon la recette familiale.
 

À Molfetta, Pâques est bien plus qu'une célébration religieuse : c'est un moment de convivialité et de redécouverte de ses racines. Chaque plat raconte une histoire, chaque saveur évoque un souvenir.
 

La gastronomie de Pâques devient ainsi un langage universel, capable d'unir les générations et de célébrer la beauté de la tradition.